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Propos insignifiants (II)
1 novembre 2011

Quelques jours en octobre 2011

Une nouvelle soirée très riche en conversations, en émotions et en souvenirs. Je n’ai pas vu les 4 heures passer. Lorsque je me suis approché du buffet, les plateaux étaient vides et empilés les uns sur les autres. J’ai alors bu un verre de jus d’orange en discutant avec une future jeune avocate. Par contraste me vient en mémoire un buffet, fort succulent, à la mairie où, ne connaissant personne, je n’ai pas arrêté de manger. J’aime bien savoir ce que mes anciens élèves sont devenus, quelles études ils ont poursuivies. J’aime bien savoir aussi qu’ils gardent de bons souvenirs de mes cours. Magie de l’internet, un ancien me dit de Hong Kong qu’il était avec nous par la pensée. Le plus difficile est de se partager, parler avec les uns, puis avec d’autres, et encore avec d’autres. Sur le chemin du retour, joie et tristesse se mêlaient. C’est peut-être cela la nostalgie.

J’ai écouté Gabriel Matzneff et Frédéric Beigbeder parler de littérature hier après-midi sur France Inter. Que le premier aime les romans du second ne cesse de m’étonner. Je suis moins surpris lorsqu’ils partagent de mêmes goûts littéraires. Beigbeder est d’ailleurs passionnant lorsqu’il évoque, à l’écrit ou oralement, les livres. J’ai appris hier que « ça balance à Paris » est diffusé en clair sur Paris Première, ce qui est peut-être le cas depuis longtemps, voire depuis les débuts de l’émission ! Eric Naulleau y fait du Eric Naulleau, rôle dans lequel il excelle. Jean-Michel Ribes, invité à la fois surprise et mystère, a pu dire au critique qui venait de descendre son spectacle tout le mal qu’il pensait de lui. Paris Première est la seule chaîne qui me fait regretter de ne pas disposer des chaînes de télévision payante, mais pas suffisamment pour que je change d’avis sur la question.

Les intellos des quartiers chics se gaussent de Sarko. Son crime : avoir prononcé le nom de Barthes (Roland) « Barthesse » comme s’il s’agissait d’un vulgaire footballeur. Qu’on le pende ! J’aurais moi aussi aimé revoir certains de mes professeurs, quelques années après. J'ai tout de même revu madame B, chez qui je faisais du baby-sitting lorsque j’étais étudiant. J’aurais aimé disposer d’un outil comme Facebook.  

Gaspard Proust en couverture de Télarama (1/10/2011) : « Il ne vous ratera pas ». C’est mon comique préféré du moment.

Steve Jobs était l’un des hommes les plus riches du monde, l’un des plus renommés aussi. La maladie n’en a eu cure, rien ne protège. L’Echo des Savanes (septembre-octobre 2011) illustre le rapprochement entre monde réel et monde virtuel avec des articles sur le boom du porno 3D (une vision numérique de la Belle et la Bête) et sur une star virtuelle japonaise, Miku Hatsune. Le Japon aussi dans La Quinzaine littéraire avec une très belle critique du dernier roman d’Haruki Murakami. A se lance dans l’écriture, elle écrit de petits poèmes.  

Promenade dans le bois hier, à la recherche de produits de l’automne, A se plaint de son frère qui lui aurait envoyé de l’eau, avant de s’apercevoir que ce sont les feuilles des arbres qui l’ont légèrement mouillée. M, avec un sourire : « Tu me traite d’arbre ». A : « Je ne peux pas te traiter d’arbre, tu n’as pas de racine. Et puis tu bouges ». Ségolène Royal a craqué hier soir, elle a fondu en larmes. Elle est redevenue humaine.

Ainsi, les primaires socialistes auraient constitué un succès… 2.5 millions de participants, sur environ 44 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Avec la tapage médiatique qui les a accompagnées, il aurait été difficile de faire moins. Mais lorsque je vois sur la couverture de Libération (11/10/2011) Arnaud Montebourg, fort de ses 17% de voix, déclarer qu’il a « sorti le PS du formol », je suis encore moins certain du succès annoncé. Martine Aubry a parlé de gauche molle à propos de François Hollande. Ce n’est pas bien de dénoncer ses petits camarades de jeux. La droite n’aura même pas à chercher d’arguments.

Elle approche, d’un mouvement qui semble inéluctable. L’idéologie des compétences, expérimentée en maternelle et en primaire, a fait son entrée au collège et décimera sans doute aussi le lycée. Une sorte d’alliance infernale entre les pédagogos et les libéraux qui est en train de transformer les professeurs en techniciens, remplaçant les relations inter-personnelles par des procédures. Un numéro « Spécial Etats-Unis » du magazine Lire (octobre 2011) avec Paul Auster, Philip Roth, Jonathan Franzen ou encore Laura Kasischke que l’on peut découvrir grâce à un long entretien. J’ai appris qu’une jeune fille, que je ne connais même pas, m’admire.   

Certains collègues regardent avec envie des lycées qui se sont proclamés « hors la loi » à propos de l’idéologie des compétences évoquée hier. De la même façon, des écoles refusent d’appliquer les réformes. Un professeur d’histoire m’a expliqué que l’on pouvait légitimement s’opposer à tout loi, que c’était un droit démocratique (je peux le comprendre) et qu’on le savait depuis Pétain. Je n’ai pas bondi mais ai juste répondu, sans la convaincre, que la question des compétences n’avait rien à voir avec les lois scélérates de Vichy. Si chacun choisit les lois qu’il va appliquer en fonction de ses valeurs ou de son propre intérêt, on peut se demander à quoi elles servent.

Le principal charme de l’internet est, paradoxe, de nous faire revenir en arrière. L’écoute de quelques titres de l’album Mode de Starshooter (1979) me fait replonger dans un passé forcément regretté, auréolé de ce vernis appelé nostalgie. Starshooter, groupe punk, avait fait réaliser une pochette « ludique et colorée » (Wikipedia) avec un slogan : « Cette année la jeunesse sera intelligente et sexy ! ». Les puristes n’ont pas aimé. C’est quelque chose que je n’ai jamais réussi ça, être puriste. Je n’ai pas dû essayer. 

Sortie surprise cet après-midi à l’occasion de la journée de la science. Nous sommes allés à l’université d’E et les Petits ont pu réaliser des expériences. Ils ont été curieux, intéressés, motivés et toujours volontaires pour participer. A a déclaré que c’est ce qu’elle voudra faire plus tard. Jean-Claude Michea en couverture de l’excellent « Causeur » (octobre 2011), avec comme titre « Pour en finir avec la Gauche le socialisme une idée neuve en Europe ».

Un nouveau paquet de copies va bientôt débarquer à la maison. Pour ce devoir sur table, je me suis inspiré du nouveau sujet, celui qui remplacera à partir du Bac 2013 le sujet de synthèse. Il est paru au Bulletin officiel au début du mois. Nouveau programme l’an prochain en terminale, nouvelle épreuve au Bac, il sera encore plus crucial d’avoir cet examen à la fin de cette année. Ainsi, la « gauche molle » l’a emporté sur la « gauche dure ». Près de 3 millions de votants pour ces « primaires citoyennes », les socialistes et le système médiatique s’accordent pour évoquer un succès, n’osant tout de même pas parler de triomphe. Sur 40 millions d’inscrits sur les listes électorales, le pourcentage de participants reste très faible. Mais j’ai entendu au moins un humoriste, grande conscience de l’humanité, déclarer que ce genre de calcul était de droite. En revanche, les journalistes ont donné le pourcentage de progression de la participation entre les deux tours. Il y a donc deux sortes de pourcentages, les pourcentages de gauche et les pourcentages de droite.

La France est sous la menace de la dégradation de la note de sa dette, prête à se soumettre à des agences de notation privées. Il n’est pas question de casser le thermomètre (encore que…) mais de remarquer que ce ne sont pas les marchés qui sont plus forts que l’Etat, mais l’Etat qui est moins fort que les marchés. A chaque reculade de l’un, les autres progressent. Pour limiter les dégâts, les députés s’échinent à trouver de nouvelles taxes selon le vieil adage que Sarko a fait sien : un problème, un impôt. D’où le surnom de Taxman pour un président qui n’était considéré comme libéral que par les plus naïfs.

Carla Bruni-Sarkozy a accouché, Kadhafi est mort, la zone euro risque d’exploser. En allant sur le site du Monde, après ma dernière heure de cours, j’avais l’impression qu’il s’était passé quelque chose, « Mouammar Kadhafi a été tué à Syrte ». Ce bébé sera peut-être la meilleure réussite de son papa. Une ancienne collègue est venue au lycée nous présenter son tout mignon bébé d’un mois. Elle est moins poursuivie par les journalistes que la femme du Président. Elle ne l’est même pas du tout.

On peut vouloir s’opposer à la volonté d’hégémonie de Google sur la mémoire de l’écrit, mais comment ne pas éprouver de plaisir à la lecture des numéros de Life sortis dans les années 30, 40 ou 50 (et même 60) véritables condensés des Etats-Unis d’alors et témoins de l’histoire ? Google met ainsi à la disposition des internautes des milliers d’heures de plongée dans l’histoire. Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’omniprésence de la publicité. Dans l’absolu, je ne l’aime pas mais je dois reconnaître que la publicité est un excellent marqueur d’époque, un très bon moyen de connaître une époque à la fois proche et éloignée de la notre. Ma fille aînée a eu son permis et je pense avoir trouvé un nouveau motif d’inquiétude.

Une équipe malmenée et vilipendée par la presse française et surtout néo-zélandaise, une équipe moquée, une équipe condamnée à ne faire que de la figuration dans une finale perdue d’avance. Cette équipe, dont la seule incertitude la concernant était le nombre d’essais qui la submergerait, n’a perdu que d’un point une finale au cours de laquelle elle a souvent dominé ses adversaires. Un point, au rugby, c’est très peu… De tels retournements ne peuvent exister que dans les compétitions sportives et les Français se retrouvent dans la peau des Gallois le week-end dernier. Mais la finale est plus cruelle qu’une demi-finale.

Je me suis lancé dans une expédition ce matin : prendre la voiture et la nationale afin d’aller acheter des chaussures et un manteau. Des bottes légèrement fourrées, les premières essayées m’allaient. Puis d’autres chaussures, avec un peu de mal pour détacher le lien qui les retenait l’une à l’autre. Elles me tentent mais sont un peu grandes. J’ai de la chance, le même modèle avec une pointure au dessous n’attend que moi pour le faire sortir du magasin. La boite des bottes est trop grande pour le sac fourni par ce dernier. Je case les autres chaussures (sans boite) sous les bottes et je poursuis mon aventure en direction des manteaux. J’en trouve rapidement un à mon goût mais trop coûteux puis un autre plus abordable, que je prends. Je reprends la voiture dans le sens inverse pour aller manger un plat de pattes accompagné de la lecture de Libération et du Monde. J’ai aussi acheté The Good Life, « Le premier magazine masculin hybride ». Pourquoi ce gros magazine est-il hybride ? Parce qu’il contient des « news » et du « lifestyle ».

Une jolie couverture pour le Libération du jour (26 octobre 2011) : le titre « Carlton, un nouveau coup pour DSK » et, sur une moitié de la page, une photo montrant une femme nue se glissant dans la gueule grande ouverte d’un crocodile. Le texte en bas de la photo : « Cinéma L’exercice de l’Etat ou la perversité du pouvoir ». Ce choix de photo, tiré d’une des première scènes du nouveau film de Pierre Schoeller « L’exercice de l’Etat », n’est certainement pas innocent.

L’un des signes de gloire de notre époque est de se faire tirer le portrait en dernière page de Libération. Aujourd’hui, 27 octobre 2011, le portrait réalisé est celui de Tristane Banon, qui « s’extirpe difficilement d’une affaire plombante ». Un petit passage par la littérature : « Elle vénère Angot, Beigbeder, Nicolas Rey, et aussi Sagan, McInerney, Auster, mais s’ennuie quand ils parlent d’autre chose que d’eux-mêmes ». Je la comprends même si je n’en suis pas là. Le magazine économique Challenges (27 octobre 2011 lui aussi) nous propose avec « Le Livre de Jobs » un titre très biblique, d’autant plus que le o de Jobs est remplacé par une pomme.

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Commentaires
J
"Les plateaux étaient vides et empilés les uns sur les autres". Euh... Pouvaient-ils être empilés autrement ?<br /> <br /> Cela me fait penser aux tournures : "partager ensemble" (très fréquente) ou "trois points de vue différents" (pas mal non plus).<br /> <br /> Et toujours amicalement, cher de Savy.
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